VSME : tout savoir sur le standard européen de durabilité volontaire pour les PME

Les points clés à retenir

Bien que la norme VSME soit volontaire, elle devient un standard incontournable pour les PME face à la directive CSRD qui pousse les grands comptes à exiger des données ESG de leur chaîne de valeur. La VSME agit comme un bouclier en standardisant ces demandes et en évitant la multiplication de questionnaires complexes. Transformer cette pression du marché en démarche stratégique permet aux PME de sécuriser leurs relations commerciales et leur accès aux financements. Les dispositifs d’aide disponibles, notamment le Diag Décarbon’Action de Bpifrance et l’ADEME, rendent cette transition accessible en fournissant les données carbone (Scopes 1, 2 et 3) nécessaires.

Aujourd’hui, vos clients, vos banques et vos investisseurs attendent des informations claires et fiables sur votre performance environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). Fournir ces données n’est plus une simple bonne pratique : c’est une obligation légale, portée par la directive européenne sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD). Cette réglementation impose aux grandes entreprises de rendre compte non seulement de leurs activités directes, mais également de l’ensemble de leur chaîne de valeur, y compris leurs fournisseurs, souvent des PME.

Pour ces dernières, répondre à ces attentes peut sembler complexe. C’est là qu’intervient la norme VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for SMEs). Pensée pour les petites et moyennes entreprises, cette norme volontaire offre un cadre standardisé pour structurer et communiquer vos actions en matière de durabilité. Plutôt qu’une contrainte, il s’agit d’un véritable levier stratégique pour rester compétitif et crédible auprès de vos partenaires.

Qu’est-ce que la norme VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard) ?

La norme VSME est un standard de reporting volontaire conçu pour aider les PME à structurer et communiquer leurs informations ESG de manière simple et efficace. Développée par l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) à la demande de la Commission Européenne, elle répond à un objectif clair : simplifier le reporting pour les petites et moyennes entreprises tout en leur offrant un cadre stratégique pour leur développement durable.

Les avantages clés de la VSME pour les PME

  • Standardiser les demandes de données : fini les questionnaires multiples, hétérogènes et coûteux envoyés par vos partenaires commerciaux. 
  • Réduire la charge administrative : la collecte et la communication des informations de durabilité deviennent plus simples et structurées. 
  • Améliorer l’accès aux financements : les banques et investisseurs disposent d’un cadre clair pour évaluer votre performance ESG. 
  • Faciliter la transition écologique : la norme propose un cadre concret pour engager et piloter une démarche de durabilité. 

Un lien stratégique avec la CSRD

La VSME est directement liée à la directive CSRD. Cette réglementation impose aux grandes entreprises de publier des informations sur l’ensemble de leur chaîne de valeur, ce qui inclut leurs fournisseurs PME. En pratique, cela signifie que vos clients grands comptes vous solliciteront pour collecter ces données. La Commission Européenne recommande d’ailleurs explicitement aux grandes entreprises de limiter leurs demandes aux informations définies par la VSME. La norme agit donc comme un bouclier protecteur, vous protégeant des sollicitations excessives et désorganisées. Adopter la VSME, c’est prendre une initiative proactive pour répondre aux attentes de vos partenaires tout en gardant le contrôle de vos démarches ESG.

La norme VSME est-elle obligatoire pour ma PME ?

Une norme volontaire mais stratégiquement incontournable

Sur le plan légal, la norme VSME reste strictement volontaire : aucune loi ne vous oblige à l’adopter. Cependant, « volontaire » ne veut pas dire « sans impact ». Les attentes du marché rendent la norme quasi incontournable. Les banques intègrent de plus en plus les critères ESG dans leurs décisions de financement, et les grands donneurs d’ordre privilégient les fournisseurs capables de fournir des informations structurées sur leur durabilité. Ne pas pouvoir répondre à ces demandes représente donc un risque commercial. Le reporting VSME devient ainsi moins une option qu’un impératif stratégique pour rester compétitif.

VSME vs. Bilan GES (BEGES) : bien comprendre la différence

Il est important de ne pas confondre la VSME avec le Bilan d’Émissions de Gaz à Effet de Serre (BEGES), qui est une obligation réglementaire française encadrée par l’article L.229-25 du Code de l’environnement.

Les seuils pour être soumis au BEGES sont :

  • Plus de 500 salariés en France métropolitaine
  • Plus de 250 salariés dans les départements et régions d’outre-mer

Ainsi, une PME qui ne dépasse pas ces seuils n’est pas légalement tenue de produire un BEGES. Néanmoins, adopter la VSME reste fortement recommandé pour anticiper les demandes de vos partenaires et sécuriser vos relations commerciales.

Tableau Comparatif : BEGES Réglementaire vs. Reporting Volontaire VSME

CritèreBEGES Réglementaire (France)Reporting Volontaire VSME (UE)
NatureObligatoireVolontaire (Recommandé par la Commission EU)
Cadre LégalArt. L229-25 du Code de l’environnementRecommandation de la Commission Européenne
Cible PrincipaleGrandes entreprises et certaines entités publiquesToutes les PME non cotées, en particulier celles dans la chaîne de valeur de grandes entreprises
Seuils>500 salariés (Métropole), >250 (Outre-Mer)Aucun. Concerne les micro, petites et moyennes entreprises.
Périmètre GESScopes 1 & 2 obligatoires. Scope 3 pour les émissions significatives.Module de Base (B3) exige Scopes 1 & 2 (Scope 3 volontaire). Module Complet (C3, C4) ajoute objectifs et risques.
PériodicitéTous les 4 ans (entreprises privées), 3 ans (public).Annuelle recommandée.
FinalitéConformité réglementaire nationaleOutil stratégique, simplification des demandes partenaires, accès au financement

Comment la norme VSME est-elle structurée ?

La norme VSME a été conçue pour être progressive, afin que chaque PME puisse adopter un niveau de reporting adapté à sa maturité et à ses besoins.

Le Module de Base : les informations ESG essentielles

Le Module de Base constitue le point d’entrée et le minimum recommandé, notamment pour les micro-entreprises. Il couvre les informations ESG essentielles :
  • Informations générales (B1, B2) : description de l’entreprise et de ses politiques de durabilité.
  • Métriques environnementales (B3 à B7) : données sur l’énergie et les émissions de gaz à effet de serre (B3).
  • Métriques sociales (B8 à B10) : effectifs, santé et sécurité au travail, rémunération.
  • Métriques de gouvernance (B11) : informations sur les condamnations pour corruption.

Le Module Complet : pour aller plus loin

Le Module Complet est une extension du module de base, destiné aux PME souhaitant approfondir leur reporting ou répondre aux attentes de banques et grands clients. Il inclut notamment :
  • C3 – Objectifs de réduction des GES et plan de transition
  • C4 – Risques climatiques
Cette structuration progressive permet aux PME de démarrer avec le minimum requis et de monter en maturité à mesure que leurs besoins et leurs exigences externes évoluent.

Bilan carbone : quelles données la VSME vous demande-t-elle ?

Cette section fait le lien direct entre la norme et les données concrètes à collecter pour un bilan carbone.

Décryptage de la section B3 : Énergie et émissions de gaz à effet de serre

La métrique B3 du Module de Base exige la quantification des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’entreprise. La méthodologie de calcul est alignée sur les standards internationaux comme le GHG Protocol. Le périmètre de calcul doit inclure :
  • Scope 1 : Émissions directes provenant des sources détenues ou contrôlées par l’entreprise (ex: combustion de gaz, carburant des véhicules).
  • Scope 2 : Émissions indirectes liées à la production de l’énergie achetée (électricité, chaleur, vapeur).
  • Scope 3 : Toutes les autres émissions indirectes qui se produisent dans la chaîne de valeur (ex: achats de matières premières, transport, déplacements des salariés, utilisation des produits vendus).

Focus sur les sections C3 & C4 : Objectifs de réduction et risques climatiques

Le Module Complet va au-delà de la simple mesure et exige une véritable stratégie climatique :
  • Section C3 : Demande de définir des objectifs de réduction de GES et de formaliser un plan de transition pour les atteindre.
  • Section C4 : Requiert l’identification et l’évaluation des risques liés au changement climatique qui pourraient affecter l’entreprise (risques physiques comme les inondations, ou de transition comme la hausse du prix du carbone).

Comment une PME française peut préparer son reporting VSME ?

Pour une PME française, préparer un reporting VSME peut sembler complexe. Pourtant, une feuille de route claire et actionnable existe, avec des outils et aides spécifiquement conçus pour accompagner les petites et moyennes entreprises.

Étape 1 : le Diag Décarbon’Action, un point de départ financé

Le Diag Décarbon’Action, co-piloté par Bpifrance et l’ADEME, est une solution idéale pour les PME de moins de 500 salariés.
  • Objectif : mesurer les émissions des Scopes 1, 2 et 3 et construire un plan de transition.
  • Lien avec le VSME : les données collectées et le plan d’action élaboré permettent de remplir directement les sections B3, C3 et C4 de la norme.
  • Avantage : le programme est en partie subventionné, offrant un point d’entrée à coût maîtrisé.
Conseil pratique pour les dirigeants de PME : considérez le Diag Décarbon’Action comme un investissement stratégique. Il transforme une contrainte réglementaire potentielle en levier concurrentiel, tout en fournissant un plan d’action concret et les données ESG nécessaires pour votre reporting.

Étape 2 : autres aides et financements pour la transition

Pour aller plus loin, plusieurs dispositifs peuvent accompagner les investissements liés à votre plan de transition :
  • Tremplin pour la transition écologique (ADEME) : finance des études et des investissements concrets pour réduire les émissions.
  • Plan Climat Bpifrance : propose des prêts et accompagnements adaptés aux PME, tels que :
    • Prêt Action Climat pour les entreprises de moins de 50 salariés
    • Prêt Économies d’Énergies pour financer des projets plus ambitieux
En combinant ces outils, une PME peut structurer sa démarche VSME de manière efficace, progressive et financièrement maîtrisée, tout en anticipant les attentes de ses partenaires et investisseurs.

Conclusion : transformer la contrainte en opportunité stratégique

La norme VSME n’est pas une contrainte administrative supplémentaire. Pour les PME, elle représente une véritable opportunité stratégique. Adopter ce cadre volontaire permet de prendre le contrôle de votre communication ESG, plutôt que de subir des demandes hétérogènes. C’est l’occasion de :
  • Structurer votre démarche de durabilité et identifier des économies potentielles
  • Renforcer votre attractivité auprès des talents
  • Sécuriser vos relations commerciales avec des partenaires exigeants
En vous engageant dans la VSME, vous investissez dans la compétitivité et la résilience de votre entreprise pour les années à venir, tout en transformant une obligation potentielle en un levier stratégique concret.

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Sources utilisées

EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group)

Commission Européenne / Directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)

ADEME – 

Code de l’Environnement (Légifrance)Article L.229-25 qui définit le cadre légal et les seuils d’obligation du Bilan GES (BEGES) en France.